Le secteur agricole béninois repose sur plusieurs filières stratégiques, dont celle du palmier à huile, particulièrement dynamique. Véritable pilier de l’économie rurale dans le sud du pays, notamment dans le département du Plateau, cette culture représente une source majeure de richesse agricole. Les communes de Sakété et d’Adja-Ouèrè figurent parmi les zones de production les plus actives, où acteurs privés et institutions publiques mobilisent d'importants moyens financiers et techniques. Conscient de son potentiel, le gouvernement béninois s’est engagé à revitaliser la filière pour en faire un levier clé de la croissance économique. Des subventions ont été accordées ces dernières années afin de motiver les producteurs. En parallèle, les pépiniéristes reçoivent un appui technique pour la production de plants de qualité, ce qui suscite un engouement croissant pour la culture du palmier à huile.
Des plantations abandonnées malgré les efforts
Cependant, un constat préoccupant s’impose : de nombreuses plantations, en particulier celles du domaine public gérées par les Coopératives d’aménagement rural (CAR), sont laissées à l’abandon, sans aucun entretien régulier. Les jeunes comme les vieux plants y sont livrés à eux-mêmes, étouffés par des herbes envahissantes. Le défrichage et les soins nécessaires sont négligés, compromettant gravement la productivité des exploitations.
Une négligence aux lourdes conséquences.
Ce manque d’entretien n’est pas sans conséquence. Il favorise le vol des régimes dissimulés dans les hautes herbes, ralentit la croissance des jeunes plants et altère le développement des palmiers adultes, dont les couronnes s’amenuisent. Résultat : une baisse significative de la production.
De plus, l’environnement non maîtrisé rend les conditions de récolte dangereuses pour les ouvriers, exposés à des risques multiples. Les jeunes plants, eux, sont vulnérables aux attaques de rongeurs et d’insectes. L’épandage d’engrais – indispensable à la croissance – devient difficile, privant les plants des nutriments essentiels à leur bon développement. À terme, tout cela affecte le rendement global, réduisant la production d’huile rouge et de ses dérivés.
Pour une culture durable et productive.
Il est donc urgent d’instaurer une culture de l’entretien systématique au sein des plantations de palmier à huile. Du côté des CAR, l’État, à travers l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA), devrait organiser des campagnes de sensibilisation et mettre en place un mécanisme de suivi rigoureux des exploitations publiques. Quant aux producteurs privés, un accompagnement renforcé — technique, logistique ou financier — s’avère nécessaire pour les encourager à pérenniser cette culture fortement enracinée dans les traditions béninoises. C’est à ce prix que les ambitions du gouvernement et des acteurs de la filière pourront se concrétiser. Le palmier à huile, culture pérenne par excellence, possède un immense potentiel économique, social et alimentaire. À condition d’être entretenu, il peut devenir l’un des piliers de la souveraineté agricole et de la prospérité du Bénin.
Jérôme Tagnon

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