ÉDITORIAL
*Mariage UP et PRD: Le crépuscule d’une fusion fragile*
Il y a des mariages politiques qui, dès le départ, portent en eux les germes du divorce. La fusion entre l’Union Progressiste (UP) et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) en septembre 2022 fut annoncée comme une stratégie gagnante, un pari sur l’unité pour peser plus lourd sur l’échiquier politique béninois. Deux formations historiques, l’une enracinée dans le libéralisme progressiste, l’autre façonnée dans la tradition parlementaire, décidaient de joindre leurs forces sous la bannière de l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR). Mais, trois ans plus tard, les fissures sont béantes.
Le PRD sort du silence. Et c’est un silence lourd, désormais brisé par la voix de Gratien Ahouanmènou, son secrétaire général adjoint. À l’écouter, les promesses de parité politique, de co-gestion et de respect mutuel n’ont été que des vœux pieux. Pire encore : les militants du PRD, hier acteurs d’une histoire politique nationale riche et structurante, seraient devenus des figurants dans une pièce écrite sans eux.
Le mal est profond. Ce n’est pas seulement l’échec d’une organisation interne ou d’un accord politique. C’est le déni d’existence d’un héritage politique que le PRD refuse de voir effacé au nom d’une unité de façade. La tentative du ministère de l’Intérieur de classer le PRD au registre des partis dissous ressemble davantage à une volonté de tourner la page que de comprendre ce qui cloche dans ce mariage d’intérêt.
En réalité, l’union UP–PRD n’a jamais réussi à dépasser la logique du rapport de force. L’UP, portée par une ambition affirmée, a absorbé le PRD plus qu’elle ne l’a associé. Et voilà que surgit l’inévitable retour du refoulé : un PRD qui refuse sa propre dissolution, un Me Adrien Houngbédji qui sort de sa réserve, et une base militante qui se sent trahie.
Dans une démocratie saine, les fusions politiques doivent être des constructions patientes, où les identités se reconnaissent, se respectent et s’équilibrent. À défaut, elles deviennent des annexions douces mais humiliantes, des silences imposés à des histoires politiques trop longues pour être effacées d’un trait.
Aujourd’hui, l’UPR n’est plus à la croisée des chemins : elle est à la veille d’un éclatement, si elle n’écoute pas ce cri venu de l’intérieur. Le PRD, qu’on croyait englouti, n’est pas mort. Il revendique son droit à l’existence, sa mémoire, son autonomie. Non pour diviser, mais pour ne pas disparaître.
Et si ce tumulte devait conduire à une séparation officielle, il ne s’agira pas d’un échec : ce serait peut-être, au fond, une clarification salutaire.
Marcellin HOUNSA

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