Devenue le passe-temps de la jeunesse béninoise, la consommation de la chicha est désormais interdite dans certains départements du pays depuis quelques mois. La chicha, connue aussi sous le nom de pipe à eau, narguilé ou hookah, est une pratique originaire du Moyen-Orient qui s'est répandue dans les quatre coins du continent africain. Il y a quelques années encore, les autorités béninoises ont déclaré une guerre sans merci dans la lutte contre la consommation de chicha et autres stupéfiants, notamment dans les lieux publics. Des arrêtés préfectoraux « tous azimuts » interdisaient cette pratique, et la police républicaine affichait une détermination sans faille. Mais aujourd’hui, l’amertume se fait sentir et l’on est en droit de se demander où sont passés les arrêtés préfectoraux signés par les numéros un des préfectures du Bénin ? Partout dans les bars, restaurants et autres lieux de divertissement, la fumée aromatisée du narguilé flotte à l’air libre, signe d’une tolérance, qui interroge Les propriétaires des bars qui se réjouissent et font bonnes affaires.
Les arrêtés ambitieux mais rangés dans les tiroirs dans les préfectures.
Que sont devenues les mesures strictes et cette détermination affichée par la police républicaine contre la consommation de chicha au Bénin ? C’est la question qu’on peut se poser aujourd’hui au regard de ce qui s’observe un peu partout. Le combat contre la chicha, un phénomène dévastateur pour les jeunes et leur environnement, semble s’être mué en un simple effet de communication. Avant d’interroger le manque de réponse ferme des autorités, il est crucial de rappeler les dangers sanitaires de la chicha, souvent sous-estimés par les consommateurs, notamment chez les jeunes. Loin de l’image inoffensive qu’elle véhicule, la chicha est un véritable poison silencieux.
Contrairement aux idées reçues, une seule séance de chicha équivaut à la consommation de nombreuses cigarettes (20 à 30 selon l’Oms). La fumée de chicha, même filtrée par l’eau, contient des niveaux élevés de substances toxiques telles que le monoxyde de carbone (CO) : Produit par la combustion du charbon, il se fixe sur l’hémoglobine du sang, réduisant ainsi l’apport en oxygène aux organes et au cerveau. Une intoxication grave peut entraîner des maux de tête, des nausées, des vertiges, des malaises, voire des comas. Il y a aussi le goudron et les particules fines : Présents en quantités importantes, ils se déposent dans les poumons et augmentent considérablement le risque de cancers (poumon, gorge, bouche), de bronchites chroniques et d’emphysème. A travers la chicha on ingurgite également des métaux lourds : Plomb, chrome, nickel sont retrouvés dans la fumée et sont connus pour leur toxicité sur de nombreux organes. Enfin on évoquera les substances cancérigènes : Benzène, formaldéhyde, et autres composés volatils nocifs sont également inhalés.
La chicha : un danger pour la santé publique.
Au-delà des dangers pour le consommateur lui-même, l’environnement des non-fumeurs est également menacé. La fumée de chicha, qu’elle soit principale ou secondaire, représente un tabagisme passif dangereux. Les enfants, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies respiratoires sont particulièrement vulnérables aux effets nocifs de cette fumée ambiante. Les bars où la chicha est consommée en public deviennent de véritables chambres à gaz, exposant quiconque s’y trouve à des risques sanitaires graves. De plus, l’utilisation de narguilés partagés augmente le risque de transmission de maladies infectieuses (hépatite, tuberculose, herpès labial), à travers les embouts, même si des embouts individuels sont parfois utilisés.
Où sont passés les actes signés ?
La prise d’arrêtés préfectoraux en 2021, notamment dans les départements de l’Atlantique, du Zou, du Littoral, des Collines, du Mono et même du plateau et du Borgou, interdisant la consommation de chicha dans les lieux à usage collectif, avait été saluée comme un signe fort de la volonté des autorités de protéger la santé publique, en particulier celle des jeunes. Ces textes juridiques, fruit d’une prise de conscience des dangers, étaient censés encadrer strictement la pratique, voire l’éradiquer des espaces publics. La police républicaine avait, dans un premier temps, mené des opérations de sensibilisation et de répression, fermant des établissements et saisissant du matériel.
Un effet de communication nul et de nul effet.
Cependant, cette détermination initiale semble s’être estompée avec le temps. Aujourd’hui, la réalité sur le terrain est tout autre. Il suffit de faire un tour dans les bars et restaurants de Cotonou et de ses environs pour constater que la chicha est consommée librement, au nez et à la barbe des personnes chargées de mener la lutte. Les narguilés sont proposés ostensiblement, et les clients s’adonnent à cette pratique sans aucune crainte de représailles.
Cette régression dans l’application des mesures anti-chicha soulève des interrogations. La lutte contre un phénomène aussi dévastateur que la consommation de drogues (car la chicha, surtout celle contenant des substances illicites, en est une porte d’entrée) ne peut se contenter d’annonces et d’opérations sporadiques. Les opérations initiales ont peut-être manqué de ressources humaines et financières pour être maintenues sur le long terme. Les propriétaires de bars et restaurants, pour qui la chicha représente une source de revenus non négligeable, peuvent exercer des pressions. Une absence de coordination continue entre les différentes entités (préfectures, police, ministères de la santé et du commerce) peut affaiblir l’action.
Il est impératif que les autorités béninoises reprennent la main et s’engagent dans une lutte renouvelée et sans concession contre la consommation de chicha dans les lieux publics. Cela implique une application rigoureuse et continue des arrêtés existants, le renforcement des opérations de contrôle et de répression, la sensibilisation massive et continue, la prise en charge des consommateurs dépendants et l’implication de toutes les parties prenantes. Les textes doivent être respectés par tous et appliquée sans distinction.
La police est elle impuissante dans les consommateurs ou de connivence avec les propriétaires des bars ?
La police républicaine doit disposer des moyens et du mandat clair pour agir. Des campagnes nationales, ciblées sur les jeunes, doivent être menées pour briser les mythes autour de la chicha et révéler ses véritables dangers. Des structures de soutien et de désintoxication doivent être accessibles. Parents, éducateurs, leaders religieux et communautaires doivent être mobilisés.
L'urgence d'une lutte renouvelée pour arrêter la saignée.
La chicha n’est pas un phénomène anodin. C’est une menace pour la santé publique, un facteur de désocialisation pour les jeunes et un frein au développement. La complaisance n’est pas une option. Le Bénin doit prouver que la protection de sa jeunesse et de sa santé publique est une priorité absolue, au-delà de toute communication.
Ernest LATOUNDJI
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