mercredi 16 juillet 2025

Barbarie à Porto-Novo Un enfant torturé à mort pour avoir uriné en public.

Porto-Novo, capitale du Bénin, a été le théâtre d’un drame insoutenable. Le jeudi 10 juillet 2025, un jeune styliste, Goris GOGAN, a été victime d’une violence sauvage et profondément inhumaine après avoir simplement tenté de satisfaire un besoin naturel dans un espace public. Ce fait divers d’une rare cruauté soulève de vives indignations et interroge la conscience collective, notamment en matière de protection des droits de l’enfant, de respect de la dignité humaine, et de manque criant de toilettes publiques dans les grandes villes du pays.

Une violence sans commune mesure* 

Goris, encore adolescent, a été accusé à tort de tentative de vol de manioc après s’être discrètement soulagé dans une plantation attenante au stade Charles de Gaulle. Quatre agents affectés à la surveillance du site, agissant en dehors de toute légitimité, l'ont violemment appréhendé, séquestré et brutalisé pendant de longues minutes. Il s'agit là d’un acte de torture sur un mineur, absolument injustifiable, quelles que soient les circonstances.


Les sévices infligés à Goris relèvent de la barbarie : coups, brûlures, blessures profondes, avec une intention manifeste de faire mal, voire de tuer. Comment peut-on en arriver à une telle brutalité pour un simple pipi, sinon par une déshumanisation totale de l'autre, surtout quand il s'agit d’un enfant vulnérable et sans défense ?


 *Une double faute : violation des droits de l’enfant et défaillance des infrastructures publiques* 


Ce drame souligne un grave manquement à la protection des droits fondamentaux des enfants, garantis par la Constitution béninoise et les conventions internationales. Goris n’aurait jamais dû se retrouver seul face à des adultes violents, encore moins être privé de liberté et battu pour un acte aussi banal que soulager un besoin physiologique.


Mais au-delà de la violence physique, cet événement met également en lumière un problème structurel récurrent : l’absence de toilettes publiques dans Porto-Novo, capitale administrative du pays. Dans une ville qui se veut moderne, les citoyens – surtout les plus jeunes – ne disposent d’aucun cadre sûr et propre pour répondre à des besoins élémentaires. Ce vide infrastructurel crée des situations de tensions et expose injustement les plus fragiles à des sanctions sociales ou violentes.


 *Où est l'État ? Où est la Justice ?* 


Que des agents censés protéger un espace public se transforment en bourreaux d’un jeune garçon est une honte nationale. Que cela se passe dans une enceinte aussi symbolique que le stade Charles de Gaulle, sanctuaire du sport et de la jeunesse, est un affront à toute la société béninoise.


Le père de la victime, l’artiste Sylvestre GOGAN, a dû lui-même intervenir pour sauver son fils de la mort. Cette réaction parentale a permis de faire éclater la vérité, mais combien d’enfants, anonymes et silencieux, subissent chaque jour des violences sans jamais obtenir justice ?


Les autorités doivent prendre des mesures immédiates et exemplaires. Les auteurs de cette agression odieuse doivent être jugés et lourdement sanctionnés, non seulement pour les coups portés, mais aussi pour atteinte grave à l’intégrité d’un enfant. C’est une question de justice, mais surtout de dignité humaine.


Exiger plus qu’une réaction ponctuelle


Cet événement doit être le point de départ d’une réforme sérieuse :

Installation de toilettes publiques dans tous les quartiers de la ville, accessibles à tous, gratuitement.

Sensibilisation des agents de sécurité aux droits humains et à la gestion des conflits avec des personnes vulnérables.

 Renforcement de la protection juridique des mineurs, notamment contre les abus dans les espaces publics* 

Le Bénin ne peut prétendre à la modernité si ses enfants y sont battus à mort pour des raisons aussi absurdes que biologiques. La société béninoise a le devoir de garantir à chaque enfant le droit de vivre, de respirer et, oui, même d’uriner en sécurité.

Ernest LATOUNDJI.

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